Le Jardin thérapeutique : Plaisir et souvenirs thérapeutique chez ORPEA les Pastoureaux
Public accueilli : Personnes âgées
Lieu : Valenton (94)
Date : 2018
Le Jardin thérapeutique : plaisir et souvenirs
Un jardin thérapeutique a été aménagé à la résidence Orpéa « Les Pastoureaux » (1) à Valenton dans le Val de Marne (94). Son objectif principal : apporter le bien-être aux résidents par le plaisir, à travers une stimulation sensorielle des cinq sens pour réactiver des souvenirs.
Initié par le Dr. Benattar, directrice médicale du groupe Orpéa, ce projet est aujourd’hui porté par la psychologue Sandra Bernabé et le psychomotricien Rodolphe Aurivel. Sa conception a demandé une vraie réflexion. « Les instructions qui figurent au-dessus de chaque plante du parcours sensoriel et du potager devaient être le plus simple possible, explique le psychomotricien. En se mettant à la place du résident, nous avons donné une logique au parcours. La fontaine n’est donc pas là par hasard : c’est une étape où le résident a besoin de souffler, en reposant ses mains dans l’eau par exemple. » Les plantes ont ainsi été choisies en fonction des sens sollicités. La lavande apparaît alors comme une des senteurs les plus évocatrices : même si les résidents n’arrivent pas à la nommer, ils se rappellent qu’ils l’utilisaient dans leur maison ou dans leur linge.
Parcours sensoriel et potager, deux espaces d’activité à visée thérapeutique
« Ici, sur cette première terrasse au rez-de-chaussée, le parcours sensoriel est le moyen de créer une relation à deux, entre le résident et un aide-soignant ou un membre de sa famille, commente la psychologue Sandra Bernabé.L’accompagnant lit au résident les affiches avec les instructions et l’encourage à s’exprimer librement sur ce que la plante lui évoque.» Pour atteindre cet objectif, les aides-soignants ont été formés sur ce parcours sensoriel. Le but : savoir réagir face aux propos du résident et lui offrir une réponse thérapeutique adaptée. Dans cet esprit, du romarin a été planté plusieurs fois pour évaluer l’impact sur la mémoire du résident. « Il s’agit de faire travailler les résidents sur l’encodage, précise la psychologue. Ce travail sur la mémoire, je le suis également de façon personnalisée dans les ateliers « réminiscences » que j’anime en dehors du jardin thérapeutique. »
L’espace a aussi été adapté aux contraintes de mobilité des résidents. « Les bacs ont été conçus à deux niveaux pour être accessibles debout et en fauteuil roulant », souligne Sandra Bernabé. De plus, des tablettes et des tiroirs sont prévus pour recevoir les outils de jardinage ou permettre de faire une pause.
Sur la seconde terrasse du rez-de-chaussée, le parcours sensoriel se poursuit avec le potager entretenu par les résidents volontaires. « L’activité jardinage s’intègre dans une chaîne de collaboration où chacun participe en apportant son savoir-faire ou son aide, affirme Silvère Campala, directeur de l’établissement. Ainsi, par exemple, une de nos résidentes qui est très dépendante avait gardé le souvenir de la recette de confiture de tomate verte. A partir de tomates du potager, l’atelier cuisine a suivi ses instructions pour préparer la confiture. Nous avons ensuite remis le fruit de ce travail à la famille de la résidente. »
En effet, le jardin thérapeutique perd de son sens s’il est juste occupationnel, comme le rappelle le Dr. Benattar. Son intérêt réside dans son utilisation, à travers la stimulation sensorielle ou motrice.
Des évolutions en cours : l’inauguration d’ateliers intergénérationnels et un projet de parcours en extérieur
La Journée mondiale Alzheimer du 21 septembre 2009 a été l’occasion de lancer les ateliers jardinage avec les élèves du CE2 de l’école primaire voisine, Henri Wallon. Sur les deux terrasses des étages, les séances de plantation dans les jardinières sur pied ont été de véritables moments de convivialité entre résidents et enfants. « Regardez, l’enfant reproduit les gestes du résident, explique Sandra Bernabé, pendant la première séance de plantation. Ce dernier retrouve son rôle d’adulte qui transmet son savoir-faire. Le danger dans la maladie est d’être infantilisé : les rôles parents enfants s’inversent. Cet atelier jardinage intergénérationnel est l’occasion de sortir les résidents de cette configuration. » C’est pourquoi Rodolphe Aurivel affirme que le jardin et les enfants sont deux vecteurs complémentaires d’action sur le résident. Guidé par le lien affectif avec les enfants, qui lui rappelle peut-être ses propres petits enfants, le résident sort plus facilement et partage spontanément son savoir faire en jardinage avec eux.
« L’échange et l’interaction avec les enfants est une source de plaisir pour le résident, se réjouit le psychomotricien. Il participera donc de façon volontaire aux prochains ateliers, pour revivre ce plaisir.» Ainsi, au printemps, les plantes seront replantées à l’école pour que les enfants prennent le relais, avec l’aide des résidents. Cela tombe bien, en sciences, les enfants étudient les plantes !
Maintenir le lien sensoriel avec le résident est primordial, pour le garder en éveil, même de façon éphémère. Selon Silvère Campala, la philosophie était d’agrandir l’espace Snoezelen à l’extérieur et de faire de l’établissement un grand espace susceptible de créer l’émotion et rappeler des souvenirs aux résidents. Dans cet esprit, la prochaine étape est un parcours en extérieur qui s’adaptera aux reliefs de la forêt environnante.
(1) GMP : 813, ratio soignant : 0,66. Etablissement avec 76 résidents, 100% dédié à la maladie d’Alzheimer et aux troubles du comportement
Extrait de la Revue Animagine